Bernard a une cinquantaine d’années. Il évoque l’importance d’expliquer sa séropositivité à ses proches et l’indispensable qualité d’écoute que doit susciter cette marque de confiance. Un climat de confiance est indispensable pour pouvoir confier sa séropositivité à autrui. « Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent qu’il faut la cacher à sa famille. » Pour Bernard, au contraire, la famille et un partenaire sexuel stable devraient être informés en priorité, à la fois pour euxet pour soi-même, afin de se libérer du non-dit. Bernard est conscient des difficultés d’une telle révélation, mais il estime que l’amour est encore la meilleure façon de communiquer : « Quand on aime, on trouve les mots, et ça libère. » Bernard estime que « le non-dit peut même être un mensonge, surtout dans le cas d’un partenaire sexuel ». Comme Bernard, si vous voulez dire votre séropositivité à des personnes en qui vous avez confiance, prenez le temps nécessaire avant d'en parler. La révélation de la séropositivité permet de mettre un terme à la souffrance qu’entraîne le secret. « Il ne faudrait pas avoir le besoin d’aller se cacher tout le temps aux toilettes pour prendre ses médicaments. Il faudrait trouver quelqu’un en qui on a confiance et le dire. » Mais ce n’est pas si facile de franchir le pas, car la crainte du rejet reste importante. « Quand on a vu comment on a traité certains séropositifs au début, les autres se disent : je risque d’être rejeté. » Même si la situation s’est améliorée et que la maladie est moins discriminante, la menace reste bien présente. « Ce sont des choses qui restent dans le subconscient. » Bernard explique que l’effort ne doit pas être à sens unique. « C’est très difficile quand on est malade, quand on ne se sent pas bien d’avoir à faire des efforts. » C’est aussi à l’interlocuteur de s’ouvrir pour faciliter l’échange. « Il faut qu’on fasse l’effort de dire sa séropositivité, mais il faut que, de l’autre côté, il y ait des bras prêts à accueillir le séropositif. » Là encore, pour Bernard, la solution repose sur l’amour mutuel. Dire sa séropositivité lui permet de vivre sans rien cacher à sa famille. « Cet amour de mes enfants, de ma famille, de ceux qui m’entourent me permet d’affronter ma maladie en la partageant. » Néanmoins, Bernard estime qu’il faut du temps pour être accepté par les autres, au même titre qu’il lui a fallu du temps pour accepter la maladie. « Je me dis : moi, par exemple, j’ai pris du temps. J’ai mis 5 ans à accepter que j’étais malade. Donc, je donne aux autres aussi 5 ans. » Docteur Nadine Ktorza praticien attachée, service des maladies infectieuses, hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP).« En parler ou ne pas en parler, à chacun ses réponses. Une fois de plus, c’est la relation de confiance qui est posée, et la position ne sera pas la même s’il s’agit d’un partenaire sexuel, d’un collègue de travail ou de la famille. C’est le plus souvent le fruit d’un long cheminement, et la levée du secret est une libération. Pouvoir le dire, c’est avoir l’assurance d’être accepté. Mais on voit encore de nos jours, malgré la compréhension de la maladie qui a fait bien des progrès, le poids encore très lourd de la peur de la discrimination et du rejet. » La section commentaire est fermée.
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Août 2013
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